“Improvisateur hollandais”

A very positive review of several performances by an improvisatore in Amsterdam, whose success is praised as a triumph for his nation and language. The anonymous author distinguishes Willem de Clercq, the performer, from Italian improvisatori, and praises his ability to improvise on a wide variety of subjects.

Performer Name:
Clercq
Performance Venue:
Amsterdam
Performance Date:
1820-1822
Author:
 
Date Written:
 
Language:
French
Publication Title:
Revue Encyclopédique
Article Title:
Improvisateur hollandais
Page Numbers:
17:185-87
Additional Info:
 
Publisher:
 
Place of Publication:
Paris
Date Published:
1823

Text:

[185] AMSTERDAM. —Improvisateur hollandais. — Il se trouve ici un phénomène extraordinaire à tous égards; c'est un improvisateur hollandais. Il ne faut pas du tout le comparer aux improvisatori italiens. M. de Clercq, qui tient un rang distingué dans le commerce de cette ville, s'applique avec zèle aux affaires de son état, et ce n'est que dans ses heures de loisir, qu'à l'âge de 27 ans, il a su s'acquérir une connaissance approfondie de l'histoire, surtout de l'histoire moderne, des littératures grecque, latine, espagnole, italienne, française, anglaise, allemande et de celle de son pays. Il en a donné une preuve éclatante dans la réponse à la question proposée par la seconde classe de l'Institut: Rechercher l'in- [186] fluence des littératures espagnole, italienne, française et allemande sur celle de la Hollande, réponse qui lui a valu le prix d'or, dans la séance de 1822. Avec une impartialité aussi ferme que son instruction est variée, on l'entend citer tour à tour avec enthousiasme des vers de Calderon et du Tasse, de Voltaire, de Byron et de Schiller. A un fonds si solide d'instruction, M. de Clercq joint l'inspiration, qui fait le poète. Jusqu'ici peu de vers sont sortis de sa plume: mais souvent, dans un cercle d'amis, lorsqu'un d'eux lui indique un sujet à chanter, il se lève, ne médite qu'une ou deux minutes, et alors, plein du dieu qui l'inspire, un torrent d'idées et d'images découle en beaux vers de son esprit exalté. Dans l'hiver de 1820 à 1821, à un souper où il fut question d'affaires politiques, un des convives le pria de chanter le voyage du roi de Naples à Laybach. Il se lève: il trace en vers pleins de feu et de verve un tableau de la belle Italie, de sa plus belle partie, le paradis de Naples; des révolutions qui ont agité son état politique, non moins terribles que les révolutions de la nature, qui minent sa capitale; des Romains, des Goths, des Grecs du Bas-Empire, des Sarrasins, des Normands; des princes Hongrois, Angevins, Arragonnais, Français, qui l'ont envahie tour à tour; des efforts infructueux de ce pays, jouet éternel des caprices d'usurpateurs étrangers, à conquérir une liberté qui le fuit toujours; enfin, des événemens de 1820, et des dangers malheureusement trop réels qui menacent de nouveau l'indépendance de cette terre classique, dévouée à la servitude. Une autre fois, dans une société plus nombreuse, les dames qui s'y trouvaient furent invitées à lui proposer un sujet. Comme la mort de Socrate et la Patrie réunissaient le plus de suffrages, le poète s'en empara pour les confondre dans un seul et même tableau. Ce que l'on doit admirer surtout, c'est la flexibilité de son talent, qui embrasse les sujets les plus disparates. C'était dans une de ces soirées, consacrées à ses amis intimes, que la Chasse avait été le sujet improvisé: quelques minutes après, on le pria de célébrer Schiller; ce qu'il fit avec enthousiasme, en traçant, de main de maître, le caractère et les talens poétiques qui distinguent le coryphée des tragiques allemands, et même en traduisant sur-le-champ quelques-uns de ses passages les plus brillans en vers hollandais. Le morceau intitulé Melpomène, improvisé dans une réunion de membres de l'institut chez M. Wisélius, est un de ceux qu'on remarque le plus. C'est là que M. le professeur Kinker de Liége, un des poètes les plus distingués de la Hollande, put se convaincre de la réalité de ce phénomène, auquel il ne paraît pas avoir ajouté une foi implicite. L'improvisateur prit l'art dramatique dans sa faible enfance, le suivit dans sa jeunesse vigoureuse sous Eschy- [187] los, Sophocle et Euripide; peignit en quelques traits brillans, et dont la vérité fut reconnue par les savans hellénistes de l'institut, le caractère distinctif de ces trois poètes; passa ensuite dans l'Italie, en France, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, et retourna en Hollande, pour donner un aperçu rapide, mais admirable, des littératures dramatiques de ces divers pays. Les applaudissemens furent sincères et universels. A un talent si distingué et si peu commun, M. de Clercq joint le caractère le plus aimable, des moeurs simples et douces, et surtout des sentimens nobles et religieux. —L'auteur de cet article, qui a eu quelquefois le bonheur d'entendre M. de Clercq, en appelle, pour la vérité de ces détails, au témoignage de tous ceux qui ont eu le même avantage, de MM. Wisélius, Kinker, Bilderdyk, Pollens, etc. C'est un triomphe pour la langue hollandaise, si peu connue, dans ce moment, et surtout si peu appréciée à l'étranger, de produire non-seulement des poètes du premier rang, mais aussi un improvisateur du mérite de M. de Clercq*.

*Nous donnons cet article, tel qu'il nous a été transmis par un littérateur hollandais très-distingué, qui nous en a garanti l'exactitude. N.d.R.

Notes:

January 1823

Collected by:
DP