J. B. A. Suard, Mélanges de Littérature

Reprinted from a literary journal that Suard co-edited in the 1760s, this comprehensive essay surveys forms of the word “improviser” in French and other languages, the nature of poetic improvisation and its history in Italy, and exponents of improvisation elsewhere in Europe. Foremost among these is Anna-Louisa Karsch, of whom the essay includes a brief biography.

Performer Name:
Perfetti; Metastasio; Corilla; Karsch
Performance Venue:
 
Performance Date:
 
Author:
Suard, J[ean] B[aptiste] A[ntoine]
Date Written:
 
Language:
French
Publication Title:
Mélanges de Littérature
Article Title:
Des Improvisateurs
Page Numbers:
3:346-78
Additional Info:
2nd rev. edn; available at https://archive.org/details/mlangesdelitt03suaruoft
Publisher:
Dentu
Place of Publication:
Paris
Date Published:
1806

Text:

[346] Il est plus difficile qu'on ne croit de faire un nouveau mot; mais il est encore plus difficile de le faire recevoir, même lorsqu'il est bien fait.

On s'étonne aujourd'hui de trouver dans l'encyclopédie les mots improvisteur et improvister, pour improvisateur et improviser. L'auteur de l'article les fait dériver de notre mot improviste; au lieu qu'ils ont été transportés de l'italien improvisare, improvisatore.

Le mot improviser est depuis long-tems reçu dans notre langue; on le trouve dans les poésies de Saint-Amant, dans le Mascurrat de Naudé, dans Ménage, etc.

Quelques auteurs ont écrit improviseur; mais le mot improvisateur est aujourd'hui généralement établi. Puisque les italiens semblent posséder exclusivement la chose, il est naturel que nous prenions d'eux le mot qui la désigne.

On trouve dans les lettres de J. B. Rousseau, le mot improvisade, pour désigner [347] des pièces de vers faites impromptu; ce mot n'a pas été adopté, et ne le méritait guères.

Le talent d'improviser semble être une production naturelle du sol de l'Italie. Il paraît tenir à deux causes: la première est la faculté de se donner à soi-même un degré d'exaltation, capable de réveiller dans l'esprit une multitude d'idées avec une rapidité dont n'ont pas même l'idée les hommes d'une imagination froide et tranquille; la seconde cause est une langue abondante et flexible dont on s'est rendu toutes les formes familières.

[Suard notes that improvisation is common among savage peoples and in Greek antiquity; he provides an extended discussion of Italian improvisatori and improvisatrici from the Renaissance onward.]

[364] Lorsque Perfetti se livrait aux inspirations de sa verve, il était obligé de boire de tems en tems un peu d’eau, moins pour se rafraîchir, que pour tempérer l’ardeur de son imagination. Lorsqu’il avait fini, il restait sans mouvement et à demi-mort. Il passait la nuit que suivait, sans dormir; et ce n’était qu’après un long intervalle de tems, que l’agitation véhémente de son sang se calmait.

[Suard describes Metastasio’s precocious but dangerous talent for improvising, and gives a sympathetic account of Corilla Olimpica. Why has only Italy produced improvisers? The suppleness of the language is a more likely explanation than the hot climate.]

[376] Nous ajouterons seulement qu'il est assez singulier que, tandis que la France entière n'a pas produit un seul improvisateur, l'Allemagne seule ait offert à l'Europe, dans une femme, un exemple rare de ce talent extraordinaire: nour voulons parler d'Anne-Louise Karch [sic] [A brief biography of Karsch follows.]

Notes:

The “Avertissement” at the beginning of vol. 1 provides the publication history of this essay: Suard and François Arnaud took over the Journal Étranger in 1760 after a two-year interruption; it continued for two and a half years. The government then charged them with editing the Gazette de France and demanded they abandon Journal Étranger, for which they substituted the Gazette Littéraire for two years. Contributions by the editors on a variety of subjects were collected in 1768 as Variétés Littéraires. Mélanges is a re-issue of the sold-out Variétés with the addition of unedited pieces by Arnaud (d. 1784), other friends of Suard, and Suard himself.
Collected by:
AE