Ludovico di Breme, Lettere

In a letter to Madame de Staël, di Breme mockingly describes an unsuccessful improvised performance in Milan, put on at the Theatre de la Scala at the request of, and highly promoted by, Monti, whom di Breme describes as an idiot.

Performer Name:
 
Performance Venue:
Milan
Performance Date:
 
Author:
Breme, Ludovico di
Date Written:
1816
Language:
French
Publication Title:
Lettere
Article Title:
 
Page Numbers:
388-89
Additional Info:
Ed. Piero Camporesi
Publisher:
Guilio Einaudi
Place of Publication:
Turin
Date Published:
1966

Text:

[388] Lord Byron a été visiblement touché et même flatté d'être montré à l'Italie par son plus insigne poète actuel; mais voilà que tout à coup cet idiot de Monti entraîné par son pédantissime beau-fils, le comte Perticari, prend feu pour un improvisateur que celui-ci conduit à Milan; des lettres de Bologne qui l'annoncent pour la plus étonnante merveille du monde, sont imprimées dans notre gazette, par l'oeuvre de Monti; Monti court les rues de Milan pour appeler le monde au Théâtre de la Scala, criant à tue-tête que l'Italie va renaître; que les improvisateurs qui l'ont précédé sont moins que poussière, perché la polve è pur qualche cosa. Monti se présente à Saurau avec son Orphée; on les inviter à dîner; le public est stupéfait d'avance; le grand jour arrive; l'homme merveilleux annonce qu'il n'improvisera que sur trois sujets, dont deux en vers blancs. Les improvisateurs-poussière ne s'étaient jamais donné tant d'aise. Le Théâtre est rempli; Apollon paraît peigné à la Ninon; en pantalons de perkale; pantoufles jaunes. On lui donne pour sujet l'expédition d'Alger en vers blanc… sottises; misères ténèbres d'esprit et de sentiments. Enfin il refuse deux autres sujets; en choisit un à son gré; le Frères ennemis; du l'Euripide et du Racine tout purs… La faction veut applaudir; on murmure, on siffle; jamais le public ne s'était vu si complètement mystifié: le dernier thème avait été evidemment tiré de la poche… le pauvre Monti caché derrière les coulisses y souffrait des tourments insupportables à sa faiblesse; le lendemain avant jour il n'était déjà plus à Milan, nous ne le reverrons pas de sitôt. Il craint apparemment qu'on ne lui veuille faire payer les gravures du portrait et les médailles qu'on avait frappées sur sa parole. Les nobles et les pédants qui sur la recommandation des Monsignors de Rome avaient pris ce téméraire sous leur insignifiante protection; les faiseurs de gravures et de médailles arrangent une nouvelle épreuve et se remuent en tout sens pour lui composer une audience de bénevoles et de dupes. Je ne doute pas qu'on ne l'y portera aux nues; c'est un parti privé; [389] mais Monti sait trop bien à quoi s'en tenir, pour se consoler sitôt d'avoir été le mannequin de ces gens.

Notes:

Letter dated 30 October 1816, Milan, to Madame de Staël, Parigi.

Collected by:
DP