Louis Crivelli, “Improvisation de M. Sgricci.”

The author provides an enthusiastic review of the improvisatore Sgricci’s performance of Missolonghi in Paris, noting the intense impression the performance made on the audience.

Performer Name:
Sgricci
Performance Venue:
Paris
Performance Date:
1826
Author:
Crivelli, Louis
Date Written:
 
Language:
French
Publication Title:
Revue Encyclopédique
Article Title:
Improvisation de M. Sgricci.
Page Numbers:
30:272-74
Additional Info:
April 1826
Publisher:
 
Place of Publication:
Paris
Date Published:
1826

Text:

[272] Improvisation de M. Sgricci. (Jeudi 13 avril.) — Depuis long-tems, le talent du célèbre improvisateur florentin est connu et apprécié en France; mais, s'il a trouvé beaucoup [273] d'admirateurs, il avait rencontré aussi quelques incrédules. Cette dernière séance est venue lever tous les doutes. Un nombreux auditoire remplissait la salle, et chacun a pu déposer dans l'urne son bulletin portant l'indication d'un sujet; les billets ont été lus ensuite à haute voix; les uns admis par le public, les autres rejetés. Mais un grand nombre, portant Missolonghi, ont été accueillis avec des transports unanimes. Le sort a amené, la première fois Françoise de Rimini; la seconde fois, le comte Ugolin; le public n'a pas été satisfait; Missolonghi étant sorti à la troisième, les applaudissements ont éclaté dans toutes les parties de la salle.

Les personnages choisis par M. Sgricci sont: Noti Botzaris, commandant de la place; Costa, général grec; l'archevêque Joseph; Ibrahim; Selves, rénégat français; Hélène, épouse de Costa; et Sophie, jeune vierge, nièce de Joseph; un choeur de femmes et d'enfans grecs, un choeur de soldats grecs, un choeur de soldats turcs. Le théâtre représente les lagunes; on aperçoit le tombeau de Lord Byron, celui de Marcos Botzaris, et une tour de Missolonghi, devant laquelle est une espèce de chapelle pour les soldats. La scène s'ouvre au jour tombant; les fils des Grecs sont à la bataille, et Joseph adresse au ciel ses voeux pour la victoire.

Les bornes de cet article ne nous permettent pas d'analyser cette brillante composition: des sténographes l'ont recueillie, et elle va être livrée à l'impression. Nous dirons seulement qu'à la vérité, parmi les personnages annoncés, il en est qui n'ont point paru (Ibrahim et le choeur des Turcs), qu'elle offre peu d'action, n'est que le développement des détails d'une grande catastrophe; mais M. Sgricci est parvenu à trouver dans ces détails des scènes d'un haut intérêt et de belles inspirations. Parmi les passages qui ont le plus excité les applaudissemens de l'assemblée, nous citerons la vision prophétique de Sophie, qui raconte qu'enlevée vers le ciel elle voyait les Grecs couronnés des palmes du martyre, et qu'ensuite elle redescendait doucement vers la terre.

Les choeurs nous ont paru d'une grande beauté. Mais la scène dans laquelle M. Sgricci a déployé le plus de verve est celle où Selves vient faire à Botzaris des propositions de paix, de la part d'Ibrahim. Il lui représente qu'ils n'ont plus aucun secours à espérer, que cette tour qui leur reste ne suffirait pas même pour les ensevelir tous. Botzaris lui répond, avec toute l'indignation que lui inspirent la proposition qui lui est faite et le caractère de celui qui en est chargé; il jette un coup d'oeil sur les places fortes qui restent à la Grèce, Atene è in forza ancor, [274] etc…; sur l'Europe qui n'aura peut-être pas toujours incatenata la mano, et finit sa belle tirade en disant:

Ed a cui resta una tomba non è vinto.

Toute la pièce a produit sur les auditeurs une vive impression, et M. Sgricci a profité habilement de toutes les émotions que son sujet faisait naître. Aujourd'hui, nous conservons des espérances fondées sur le salut de Missolonghi. Ah! s'il est vrai que ses remparts soient encore debout, que ses généreux défenseurs n'ont point succombé, félicitons-nous de ce que nous n'avons applaudi qu'une tragédie d'invention, sans avoir à gémir sur les ruines de la ville héroïque!

Louis CRIVELLI.

Notes:

 

Collected by:
DP